Les enfants mordent !
Tout enfant mord, plus ou moins fort. Un jour ou l’autre, tout enfant se fait mordre par un autre. Cela suscite la question récurrente de la part des familles : » Pourquoi mord-il ? » ou » Pourquoi mon enfant est-il toujours mordu ? » . Ces morsures peuvent déstabiliser les adultes, aussi bien les professionnels des structures d’accueil de la petite enfance que les parents.
QUE FAUT-IL SAVOIR ?
La morsure fait partie d’une période normale du développement de l’enfant. En effet, pendant la petite enfance, entre 0 et 2 ans, c’est par la bouche qu’il explore le monde qui l’entoure, les personnes qu’il aime et les objets qu’il porte souvent « à la bouche ». C’est un acte que l’enfant ne maîtrise pas et qui peut avoir différentes explications en fonction du contexte.
La poussée dentaire :
La poussée dentaire peut être douloureuse et s’accompagner d’inconforts. Bébé veut se soulager et à défaut de ne rien avoir à se mettre sous la dent, l’entourage peut être victime de morsure.
L’acte d’amour :
L’enfant est dans l’imitation, il veut démontrer son affection. Ne sachant pas comment faire un bisou, il l’exprime maladroitement par la morsure.
La voie de communication la plus rapide :
L’enfant doit apprendre à vivre et communiquer avec les autres. Il mord parce qu’il n’a pas d’autre moyen pour communiquer ou parce qu’il ne sait pas communiquer autrement. Le langage est en cours de construction et il n’a pas encore acquis les mots pour pouvoir dire les choses, exprimer ses émotions. Le recours à la morsure est la voie la plus rapide pour aboutir à ses fins. Au fur et à mesure qu’il acquière un vocabulaire conséquent, le recours à la morsure s’estompe.
Le processus de socialisation :
En collectivité, l’enfant va faire connaissance avec d’autres enfants. Cet environnement lui permet de découvrir les rapports avec les autres à travers les jeux. Les jeux sont souvent sources de conflits entre enfants. L’enfant qui n’obtient pas la coopération de son camarade et qui veut absolument le jouet que possède l’autre, va mordre pour obtenir le jouet. C’est ainsi que l’enfant comprend et assimile toutes les règles qui régissent la vie en société et apprend à réguler ses émotions.
La demande d’attention :
En collectivité, l’enfant n’est pas seul. Il peut manifester de la jalousie ou l’envie d’être davantage chouchouté. Mordre peut aussi être le signe d’une demande d’attention particulière. De cette manière, l’enfant sait qu’il peut capter l’attention de l’adulte. Lorsqu’il mord de façon répétitive dans une journée ou sur une période, c’est pour révéler un état de stress lié à un changement de repères dans l’environnement familial, dans la structure d’accueil ou une tension au sein de la famille.
L’immédiateté :
Le petit enfant veut tout dans l’immédiateté. Il n’accepte pas la frustration. Or, en collectivité, il sera confronté à de nombreuses frustrations qui risquent chez certains de déclencher des pulsions agressives.
COMMENT REAGIR ?
Accueillir son enfant à l’heure de la sortie avec une trace de morsure ou s’entendre dire que son enfant a mordu n’est pas réjouissant. La morsure est passagère dans le développement de l’enfant. La morsure reste un acte impulsif que l’enfant ne peut contrôler, ni maîtriser et qui correspond à la libération d’une tension motrice. Il n’y a pas lieu de consulter un pédopsychiatre, ni de culpabiliser le professionnel. Mais l’échange entre parent et professionnel est à privilégier pour garder la confiance et trouver des solutions. Bien sûr, il ne faut pas laisser passer un tel acte, même si l’enfant ne se rend pas compte de sa force. En tout premier lieu, le professionnel s’occupe de l’enfant qui a été mordu. Il le soigne, le console en posant des mots sur son ressenti et parfois son incompréhension.
- Il convient de réaffirmer clairement l’interdiction de mordre. Il faut se montrer ferme et patient pour accompagner l’enfant qui mord au mieux durant cette phase.
- Il est recommandé aux parents d’éviter également de mordre l’enfant à son tour ; certains parents se sentent obligés de lui infliger la même douleur en retour pour lui « montrer » ce que cela fait. Mais cela ne sert strictement à rien. il pourrait prendre ce geste pour une normalité puisque ses propres parents l’utilisent.
- Il s’agit d’expliquer avec des mots simples à l’enfant que ce qu’il a fait est mal, lui montrer les conséquences de son geste (« tu vois, il a eu mal. Il pleure »),en évitant de grands discours .
Notre devoir de professionnel est de toujours chercher à comprendre ce que nous a signifié l’enfant, et de l’observer afin de mieux cerner ce qui a motivé son acte. Que nous soyons professionnel ou parent, notre rôle est d’aider l’enfant à changer de registre d’expression, et à recourir de plus en plus à la parole pour exprimer ses sentiments (d’amour comme de colère).
Retour à la liste d'articles